PATTI CAKE$ (Geremy Jasper, 2017)

485852.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxxFICHE TECHNIQUE Patti Cake$. De Geremy Jasper. États-Unis. 2017. 1h48. Avec : Danielle Macdonald, Bridget Everett et Cathy Moriarty (Raging bull, Panic sur Florida Beach, Copland). Genre : comédie dramatique. Sortie France : 30/08/2017. Maté en salle le lundi 28 août 2017.

DE QUOI ÇA CAUSE ? Patricia Dombrowski (Danielle Macdonald), alias Patti Cake$, a 23 ans. Elle rêve de devenir la star du hip-hop, rencontrer O-Z, son Dieu du rap et surtout fuir sa petite ville du New Jersey et son job de serveuse dans un bar miteux. Elle doit cependant s’occuper de Nana (Cathy Moriarty), sa grand-mère qu’elle adore, et de Barb (Bridget Everett), sa mère, une chanteuse ratée et totalement instable. Un soir, au cours d’une battle sur un parking, elle révèle tout son talent de slammeuse. Elle s’embarque alors dans une aventure musicale avec Jheri (Siddharth Dhananjay), son meilleur ami et Basterd (Mamoudou Athie), un musicien mutique et asocial. Source : allocine.fr

MON AVIS TÉLÉ Z Le genre de péloche qui revigore le palpitant, file la banane, humidifie les mirettes et fait l’amour aux esgourdes. Franchement, regarder Patti Cake$ fait un bien fou. Plus qu’un film, une trempe qui vous invite à garder la niaque malgré les difficultés de la vie. À ne jamais renoncer à vos rêves même si personne ne croit en vous. À rester fier de ce que vous êtes quand bien même les imbéciles vous insultent à tour de bras. À l’instar d’un Rocky, Patti Cake$ est une œuvre vibrante qui peut réellement vous motiver à prendre votre destin en main. Peu importe qu’il soit question de boxe ou de hip-hop : dans les deux cas, il s’agit de prouver aux autres et à soi-même que l’on est quelqu’un. Que l’on existe même si le ring, comme la rue, ne vous font pas de cadeau. La portée du film de Geremy Jasper est conséquente puisqu’il permet à d’innombrables jeunes femmes de prendre leur revanche. Celles qui – toute leur vie – ont été victimes de moqueries à cause de leur taille hors norme et de leur envie « d’autre chose » peuvent s’identifier à Patti. La force de s’assumer et de garder la tête haute : voilà ce que notre rappeuse en herbe transmet aux filles situées de l’autre côté de l’écran… Mine de rien, Patti Cake$ se réapproprie la « magie » qui caractérise une certaine comédie anglaise, celle où la réalité sociale n’interdit jamais l’humour d’affleurer (des exemples ? We want sex equality et Pride). Une réelle humanité se dégage de ces personnages hauts en couleur qui essaient tant bien que mal de résister à la dureté du quotidien. Pour Patricia Dombrowski, la musique est une échappatoire, elle qui trime jour et nuit, s’occupe seule de sa grand-mère malade et se fait rabaisser par sa mère que le temps qui passe a rendu amère. En voulant suivre sa voie, l’apprentie slammeuse devient une rebel girl prête à faire exploser son talent à la face du monde. Que Bikini Kill, groupe punk féministe des 90’s, se fasse entendre dans le film n’a donc rien d’anodin (il s’agit du morceau Double dare ya qui débute par un appel à la « Revolution girl-style now » !). Patti est une nana qui en veut, une riot grrrl en puissance qui – par son courage et sa passion – prouve que les femmes ont leur place dans le hip-hop. Un milieu souvent pollué par des guignols sexistes que notre héroïne émascule lors d’une séquence de battle absolument jouissive (et anthologique !). Les mots ont une force et, quand on sait s’en servir, ils peuvent faire bouger les lignes. Le rap de Patti Cake$ résonne dans le cœur et les tripes de ses interprètes et éclate dans l’air comme de la poésie. Une poésie percutante, balançant à l’auditoire des vers vifs et tranchants, lâchant sur l’asphalte un son plein de bruit et de fureur. Et tout ça avec un sens de l’impro qui laisse totalement sur le cul ! Nous ne sommes pas prêt d’oublier l’enregistrement du titre PBNJ dont le résultat aboutit à une véritable tuerie (à laquelle même la grand-mère participe – épatante Cathy Moriarty) ! Et puis, surtout, nous ne serions pas totalement raide dingue du long-métrage sans la phénoménale Danielle Macdonald. Une révélation ! C’est fou à quel point elle parvient à nous toucher. Il faut la voir encaisser les coups et se relever, il faut l’entendre déclamer son art comme si sa vie en dépendait. L’émotion que cette magnifique comédienne nous procure est telle que l’on sort du film avec les larmes aux yeux, mais aussi avec un putain de sourire et une pêche d’enfer. On a dès lors qu’une seule envie : prendre dans nos bras la miss Macdonald et lui dire merci. 6/6

PATTI CAKE$
Danielle Macdonald est Patricia Dombrowski (alias Killa P, alias Patti Cake$), l’atomic blonde du New Jersey.

LES RUNAWAYS (Floria Sigismondi, 2010)

19486521Les Runaways (titre original : The Runaways). De Floria Sigismondi. États-Unis. 2010. 1h42. Avec : Kristen Stewart, Dakota Fanning (que l’on voit aujourd’hui beaucoup moins sur les écrans et c’est bien dommage) et Michael Shannon. Genre : drame/biopic. Sortie dvd/blu-ray : 20/01/2011 (Metropolitan vidéo). Maté en dvd le lundi 10 avril 2017.

De quoi ça cause ? Los Angeles, 1975. Joan Jett (Kristen Stewart) et Cherie Currie (Dakota Fanning), deux adolescentes rebelles, se rencontrent et deviennent les figures emblématiques de ce qui se révélera être le plus célèbre des groupes de glam rock féminin, les Runaways. Après une irrésistible ascension dans une Californie en ébullition créative, ces deux jeunes stars légendaires vont ouvrir la voie aux générations futures de femmes musiciennes. Sous l’influence de leur imprésario, l’excentrique Kim Fowley (Michael Shannon), voici l’histoire vraie de jeunes filles qui en se cherchant, vont toucher leurs rêves et changer la musique pour toujours. (source : Allociné.fr)

Mon avis Télé Z : Quand le rock devient le symbole du passage à l’âge adulte et de l’émancipation des femmes. L’exploit des Runaways est double. Tout d’abord, ces filles ont su donner un sens à leur jeunesse (celui de la création et de la révolte), alors qu’elles n’avaient que quinze ans. Ensuite, elles sont parvenues à s’imposer auprès d’une industrie musicale machiste et ont montré le chemin aux futures rockeuses (le mouvement « Riot grrrl » du début des années 1990 en est un bel exemple). Le film s’attarde aussi sur les effets du mode de vie « sexe, drogue et rock’n’roll » sur des adolescentes en quête de repères et souhaitant en découdre avec le monde. Mais ce sont surtout les trajectoires différentes de Joan Jett et Cherie Currie qui intéressent Floria Sigismondi. Pour la première, la musique est le rêve de toute une vie, une passion qui nécessite une implication totale, le garde-fou d’une société pas tendre avec les filles rebelles. Pour la seconde, les Runaways lui permet avant tout de fuir une situation familiale chaotique et se sert de la célébrité pour cacher sa détresse. La force de conviction de la brune finit par s’écraser sur les doutes de la blonde, la collision détruisant en même temps les promesses d’une relation plus amoureuse qu’amicale. Le final aigre-doux résonne alors comme un crève-cœur (la chanson Love is pain, composée par Jett, semble être dédiée à Currie). Signalons également les performances dramatiques, scéniques et vocales de Kristen Stewart et Dakota Fanning, deux brillantes comédiennes s’étant beaucoup investies dans leur rôle (leurs reprises des morceaux des Runaways sont juste phénoménales, Cherry bomb en tête). Bien entendu, la bande originale électrise nos esgourdes et nous fait taper du pied tout du long. On sort de ce très beau biopic avec l’envie de s’envoyer les skeuds des Runaways et, surtout, avec l’idée que les femmes sont faites pour régner sur le rock’n’roll. 5/6

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Les Runaways en action : les nanas aussi ont le droit de jouer de la gratte et d’hurler dans un micro. « Hello daddy, hello mom, i’m your ch ch ch ch cherry bomb! »

PUSSY RIOT : UNE PRIÈRE PUNK (Mike Lerner & Maxim Pozdorovkin, 2013)

81wfhr7x4ml__sy445_Pussy Riot : une prière punk (titre original : Pokazatelnyy protsess : Istoriya Pussy Riot/Pussy Riot : a punk prayer). De Mike Lerner et Maxim Pozdorovkin. Russie/Royaume-Uni. 2013. 1h28. Avec : Nadejda Tolokonnikova, Maria Alekhina et Ekaterina Samoutsevitch. Genre : documentaire. Sortie dvd : 04/10/2016 (Dissidenz films, en coffret avec Voïna). Maté en dvd le lundi 20 février 2017.

De quoi ça cause ? Trois jeunes femmes : Nadia, Masha et Katia. Un procès retentissant. Un scandale planétaire. Six mois durant, les réalisateurs ont filmé ce collectif artistique féministe plus connu sous le nom de Pussy Riot, dont trois des membres ont été arrêtés pour une « prière punk » perpétrée dans la cathédrale de Christ-Sauveur à Moscou. Les témoignages des trois jeunes filles incarcérées et de leurs proches ainsi que les images du procès lui-même apportent un éclairage inédit sur un fait divers devenu affaire d’État au retentissement mondial. (source : Amazon.fr)

Mon avis Télé ZUn doc indispensable pour bien comprendre l’engagement des Pussy Riot et mettre en lumière la parodie de justice dont elles ont été les victimes. Les réalisateurs ne ratent rien d’un procès aussi médiatique (terribles images que celles des trois « émeutières » mises en cage et livrées aux flashs des photographes) que partial (personne n’est dupe : les dés sont jetés bien avant le verdict). En voulant dénoncer la corruption d’un système dans lequel la séparation des pouvoirs, la laïcité, le droit au blasphème – ou tout simplement, la démocratie – n’existent pas, les Pussy Riot ont réveillé le petit monde orwellien de Poutine. Malgré l’intimidation, la répression et l’humiliation, le regard inébranlable de Nadejda Tolokonnikova montre que, si les despotes peuvent emprisonner les corps, ils ne peuvent pas emprisonner les esprits. Si les soutiens sont nombreux (les manifestants font bloc devant le tribunal et bravent les flics), l’apparition de ces orthodoxes au look de bikers font froid dans le dos. Des fanatiques avouant à demi-mot regretter le bon vieux temps où on brûlait les hérétiques… Relatant également le parcours des trois activistes, Une prière punk n’oublie pas de faire intervenir leurs parents et d’illustrer les entretiens avec de touchantes archives personnelles. Outre les extraits des chansons et des actions de nos héroïnes en colère, les rappels historiques sont les bienvenus et aident à faire le lien entre la Russie d’hier et d’aujourd’hui (la cathédrale du Christ-Sauveur a été dynamitée par les bolcheviks en 1931 et reconstruite après la dissolution de l’union soviétique). Alors que Samoutsevitch sort de taule le 10 octobre 2012, le film stoppe sa narration avant la libération d’Alekhina et de Tolokonnikova le 23 décembre 2013. Aujourd’hui, le patriarche Kirill et le tsar Poutine continuent à se lécher la rondelle comme si de rien n’était. Mais des punk féministes, des « riot grrrls », sont parvenues à faire trembler leur empire. Nos politicards à la diplomatie complaisante feraient bien d’en prendre de la graine. 5/6

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Cagoules colorées, chorégraphies hirsutes, riffs cradingues : la révolution selon Pussy Riot !