DESPERATE LIVING (John Waters, 1977)

928full-desperate-living-posterDesperate living. De John Waters (qui aime aussi beaucoup faire l’acteur). États-Unis. 1977. 1h28. Avec : Mink Stole, Liz Renay et Susan Lowe. Genre : comédie. Sortie dvd : 09/03/2006 (Seven7). Maté en dvd le lundi 13 mars 2017.

De quoi ça cause ? Peggy Gravel (Mink Stole), une bourgeoise névrosée, se débarrasse de son mari avec la complicité de sa femme de ménage Grizelda (Jean Hill). Toutes deux prennent la fuite et se retrouvent à Mortville, un lieu où toute la vermine et les dépravés de la région semblent s’être donné rendez-vous. L’endroit vit sous la coupe de l’infâme reine Carlotta (Edith Massey) et de sa fille Coo-Coo (Mary Vivian Pearce), mais bientôt les choses vont changer… (source : Dvdfr.com)

Mon avis Télé Z : Un dynamitage en règle du glamour hollywoodien et de sa norme abrutissante : voilà le projet au centre de l’œuvre de John Waters. Comédie satirico-trash électrisée par une liberté de ton absolue, Desperate living est l’un des fleurons du natif de Baltimore. Deux Amériques se tirent ici la bourre : celle des banlieues chicos incarnées par la « desperate housewife » Peggy (Mink Stole, dans un grand numéro d’hystérie et de paranoïa). Et celle de Mortville, un taudis dirigé par une reine autoritaire et dans lequel se cache une horde de lesbiennes. Bien entendu, Waters se place du côté de ces dernières et fait de son hypocrite et égoïste wasp la méchante de l’histoire, au même titre que l’odieuse souveraine. Sardonique à souhait, Desperate living se la joue conte de fée, mais avec des fées moins sages que chez Disney. La morale conformiste chère à la firme aux grandes oreilles en prend naturellement pour son grade. Les outrances en tous genres s’enchaînent dans l’allégresse et culminent lors d’un final transgressif et décapant flirtant avec l’horreur bis. Franchement, Waters et sa troupe ne font pas les choses à moitié pour nous venger de la bienséance en vigueur dans toutes ces productions trop propres pour être honnêtes… Bien loin des standards à la mode, le long-métrage met la laideur à l’honneur et ne la cache pas sous le vernis des apparences. L’expérience en devient carrément organique : les fluides corporels sont jetés à la face du spectateur, les chairs pendouillent mais ne sont jamais tristes et la crasse ambiante est quasiment palpable (ne manque plus que l’odorama de Polyester pour que l’immersion soit totale). Mais la laideur, c’est aussi la beauté des autres. Desperate living est peuplé de gueules singulières (Susan Lowe, androgyne vénère arborant deux ou trois verrues sur le visage), de physiques hors normes (Jean Hill et ses 200 kilos d’amour, étouffant un gus avec son popotin) et d’actrices fascinantes (Liz Renay, blonde bustée qui n’aurait pas dépareillé chez Russ Meyer) donnant vie à des personnages hauts en couleur et complètement cramés. Ces dames, que l’on croirait sorties du plus déviant des cartoons, assurent dans la joie et la bonne humeur (et quelques jets de vomi), un spectacle à la folie libératrice. Plus que du mauvais goût, du grand art. 5/6

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Susan Lowe et Liz Renay : des princesses, des vraies.