HIGHLANDER (Russell Mulcahy, 1986)

MV5BMjc3YmU3MzQtNTA4OC00ZjljLWFmODAtZDU1YzY5ZTNkZDU3XkEyXkFqcGdeQXVyNTAyODkwOQ@@__V1_Highlander (pour l’instant, cinq films au total). De Russell Mulcahy. États-Unis/Royaume-Uni. 1986. 1h51. Avec : Christophe Lambert, Roxanne Hart et Clancy Brown. Genre : fantastique. Sortie France : 26/03/1986. Maté à la téloche le dimanche 30 juillet 2017.

De quoi ça cause ? New York, années 1980. Russell Nash (Christophe Lambert) n’est pas un antiquaire ordinaire : il a vu le jour en Écosse, au XVIe siècle. Nash, né Connor MacLeod, est un Immortel et, comme ses pareils, ni la vieillesse ni la maladie ne peuvent l’atteindre. Seul un autre Immortel peut le tuer en le décapitant. C’est par son mentor, Juan Sanchez Villa-Lobos Ramirez (Sean Connery), un Égyptien né en 896 avant. J.-C., que Nash/MacLeod a appris en quoi consiste la mission des Immortels : conquérir une récompense suprême, le Prix, qui ne peut être attribuée qu’à un seul. Un redoutable guerrier, Kurgan (Clancy Brown), a déjà éliminé la plupart de ses concurrents… (source : Arte.tv/fr)

Mon avis Télé Z : Dès les premières minutes, un plan sidère les mirettes : un long travelling s’envole tel un oiseau pour débusquer Christophe Lambert parmi la tribune du Madison Square Garden. Des prouesses visuelles comme celles-ci, Highlander en regorge. Obsédé par la belle image, Russell Mulcahy se livre à un exercice de style incroyablement dynamique. Son but : nous en mettre plein les yeux, ce que son sujet – fantastique dans tous les sens du terme – autorise et pas qu’un peu. L’auteur de Razorback s’amuse avec sa caméra et accouche d’une authentique BD live. Les immortels (pas ceux de l’Académie française, hein) sont iconisés comme s’ils s’agissaient de super-héros (ce qu’ils sont, d’une certaine manière) et s’affrontent dans des duels homériques où l’épée est reine. Lors de chaque face-à-face, le décor finit en miettes, totalement pulvérisé, ce qui donne une idée de la puissance des coups portés par les combattants (sans parler de toute cette énergie dévastatrice qui soulève littéralement le vainqueur, le fameux « Quickening » ou « accélération » dans la langue de Brigitte Lahaie). Le climax voit carrément une gigantesque enseigne lumineuse s’effondrer avec ses tubes de néon qui explosent et ses gerbes d’étincelles qui crépitent (catastrophe provoquant même une inondation, histoire de rendre la séquence encore plus dantesque). Soulignant l’esthétique urbaine et nocturne dans laquelle évolue le film, les éclairages bleutés de la photo de Gerry Fisher renvoient surtout à la beauté et à la force de l’acier. D’ailleurs, voir des mecs en découdre avec une lame à une époque où les flingues s’avèrent plus efficaces pour liquider son adversaire, créer un savoureux décalage. C’est là toute l’originalité de cet Highlander dont le script ambitieux mélange l’Écosse du XVIe et la grosse pomme des 80’s, le passé et le présent, l’ancien et le moderne. Les enjeux s’étalent sur plusieurs siècles et, pour relater le parcours de l’énigmatique Russell Nash/Connor MacLeod (Conrad dans la VF), de nombreux (et passionnants) flashbacks sont intégrés au récit à intervalles réguliers. Il ressort de ces retours en arrière un sentiment tragique faisant de l’immortalité une malédiction, de l’éternité une damnation. Pour celui qui ne peut pas mourir, le temps ne semble jamais s’écouler. Pire, il interdit toute relation amoureuse avec celle dont les heures sont inéluctablement comptées. Bluffant lorsqu’il aborde les aspects les plus spectaculaires de sa mise en scène, Russell Mulcahy se montre aussi inspiré par les passages intimistes et fignole de saisissants tableaux romantiques. La vieillesse et la mort de la première épouse de Connor – remarquable Beatie Edney – serrent le cœur du spectateur, émotion décuplée par l’utilisation de la chanson Who wants to live forever de Queen. Indissociable du succès de Highlander, le groupe de rock britannique offre une véritable signature musicale au long-métrage et l’accompagne tout du long, à la manière d’un vidéo-clip (les années 1980 sont aussi celles de la chaîne de télé américaine MTV). Un exercice dans lequel Mulcahy s’est beaucoup illustré et qui – dans la péloche qui nous intéresse – ne tourne jamais à la démonstration gratuite. En revanche, si l’on devait émettre des réserves, celles-ci concerneraient la prestation d’un Christophe Lambert qui peine à rivaliser avec le charisme de Sean Connery (qui flamboie en mentor plein de panache) et de Clancy Brown (génial en méchant obscène et « terminatoresque »). Les quelques punchlines de Totophe tombent même à plat et ne parviennent pas à faire de lui un héros cool et taillé pour porter une saga culte sur ses épaules. Roxanne Hart est, pour sa part, pas mieux lotie, son rôle servant surtout de prétexte à une love story des plus superficielles. Mais peu importe, Highlander reste un fleuron des années Starfix, une pépite conçue à une époque où l’inventivité dominait le cinéma de l’imaginaire. 5/6

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Christophe Lambert contre Clancy Brown : il ne peut en rester qu’un.

PHANTASM II (Don Coscarelli, 1988)

MV5BNmY3MTk5MzUtNGVhMy00OTQ4LWEyMTQtZGEyMmU0MmM2ZTVlXkEyXkFqcGdeQXVyNjQ2MjQ5NzM@__V1_SY1000_CR0,0,659,1000_AL_Phantasm II. De Don Coscarelli (la même année que son Survival quest). États-Unis. 1988. 1h37. Avec : Angus Scrimm, Reggie Bannister et Paula Irvine. Genre : fantastique/horreur. Sortie dvd/blu-ray : 27/06/2017 (ESC éditions). Maté en blu-ray le jeudi 27 juillet 2017.

De quoi ça cause ? Six ans après les événements qui ont transformé son enfance en cauchemar, Mike Pearson (James LeGros) sort de l’hôpital psychiatrique. À son histoire d’entrepreneur des pompes funèbres convoyant les cadavres vers un autre monde, personne n’y a jamais cru. Pas même son ami Reggie (Reggie Bannister) qui, sa famille décimée, décide soudain de le suivre sur les routes de l’Oregon. Leur objectif : mettre hors état de nuire le Croque-Mort (Angus Scrimm) qui, d’une ville à l’autre, poursuit sa sinistre besogne… (source : Dvdfr.com)

Mon avis Télé Z : Une suite qui égalise, voire surpasse, l’opus original de 1979. Le monde créé par Don Coscarelli est tellement riche et surprenant que l’on ne pouvait pas se contenter d’un seul film, aussi culte soit-il. Démarrant sur les chapeaux de roues, Phantasm II reprend la narration là où elle s’achevait chez son aîné. Transition ainsi faite, le spectateur n’a ensuite plus le temps de souffler. Assaut de nains plus grincheux que timides, explosion d’une baraque et sauvetage in extremis des héros, sous le regard d’un « Tall man » n’ayant pas encore dit son dernier mot. Cette intro – qui en met d’emblée plein la vue – annonce la couleur. Plus friqué que son prédécesseur (ce coup-ci, c’est Universal qui régale), ce deuxième Phantasm se la joue « bigger and louder » sans jamais perdre son identité, sa singularité. Pas question pour le réalisateur de Dar l’invincible (1982) de ruiner les mystères de son univers en dévoilant les zones d’ombre qui faisaient tout le charme du premier épisode. Nous n’en saurons donc pas davantage sur les origines du croque-mort ni sur le pourquoi du comment de son trafic de cadavres inter-dimensionnel. Peu importe puisque l’ensemble fonctionne du feu de dieu et que le budget permet de développer, de revisiter des concepts dingues inventés dix ans plus tôt. Les gnomes montrent enfin leur effroyable faciès (et même leur corps ravagé le temps d’une séquence spectaculaire), tandis que trois sphères volantes ultra perfectionnées s’amusent à trancher dans le vif (elles peuvent maintenant découper une oreille avec une petite scie circulaire, forer les entrailles d’autrui, transpercer les murs et même tirer des rayons laser !). Des prodiges dus à Mark Shostrom et son équipe dont les maquillages et les animatroniques reproduisent à l’écran de remarquables visions d’horreur (voir également cette gueule cauchemardesque s’extrayant du dos de Paula Irvine). Outre les effets spéciaux, les décors de Phantasm II trahissent aussi l’ambition formelle de l’entreprise. Des décors, aussi variés que nombreux quand ils ne sont pas carrément impressionnants (joli plan d’ensemble nous révélant un cimetière troué de tombes profanées) et imposants (un paysage de western accompagne le duo Mike/Reggie lors de son périple routier). Le « Tall man » voit grand lui aussi, et ses méfaits ne se limitent plus à un seul patelin. Parcourant les États-Unis, le grand escogriffe sème la peur et la désolation sur son passage (derrière lui, il ne reste plus que des villages fantômes), tout en n’oubliant pas de vider chaque cimetière de ses dépouilles. Jusqu’à son dernier acte, le film est construit comme une gigantesque course-poursuite entre les héros et le sinistre croque-mitaine, les deux parties s’adonnant au jeu du chat et de la souris. Car d’une manière plus générale, Phantasm II se distingue par ses aspects fun et ludiques, ce qui le rend extrêmement plaisant. Ainsi, Mike et Reggie se rendent en loucedé dans une quincaillerie pour se fabriquer des armes « over the top » (mention spéciale à ce fusil muni de quatre canons !). Voilà qui promet de charcler sévère ! Promesses tenues de la part d’un Coscarelli qui n’hésite pas à cligner de l’œil en direction des amoureux du gore. La preuve avec ce trépidant duel à la tronçonneuse évoquant celui entre Leatherface et Dennis Hopper dans The Texas chainsaw massacre 2 (Tobe Hooper, 1986). Ou ce sachet recueillant les cendres d’un défunt et sur lequel est inscrit le nom de… Sam Raimi ! Une touche discrète d’humour qui apporte un petit plus à l’ensemble sans verser dans la gaudriole (parfois un brin décalé, le personnage de Reggie n’est jamais sacrifié sur l’autel de la légèreté. Ce qui ne l’empêche pas de rester cool !). Pas question non plus pour l’intimidant Angus Scrimm de perdre son aura maléfique à coups de calembours déplacés. À l’instar du premier Phantasm, ses apparitions et ses répliques sont mesurées, comme pour le rendre insaisissable et faire de chacune de ses scènes un moment unique. Le boogeyman traverse le film tel un être omniprésent, omniscient et omnipotent. « Evil never dies » semble d’ailleurs nous crier dans les oreilles la fin ouverte de ce Phantasm II ! Côté casting, on aurait pu avoir les boules (sans jeu de mots avec celles qui perforent les crânes dans les couloirs des mausolées) de ne pas retrouver Michael Baldwin dans le rôle de Mike, mais James LeGros s’en sort plus qu’honorablement. Il aurait été plus difficile de faire l’impasse sur Reggie Bannister, impeccable en type ordinaire jouant les justiciers. Avoir ajouté un personnage féminin à l’histoire est une bonne idée, la mimi Paula Irvine se montrant convaincante en scream queen télépathe. Plus ambiguë et délurée, Samantha Phillips incarne une femme fatale offrant au pauvre Reggie une nuit d’amour qu’il n’est pas prêt d’oublier. Un fantasme avec un f ! 5/6

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Phantasm II : cette fois-ci, ils sont armés jusqu’aux dents !

À MORT L’ARBITRE ! (Jean-Pierre Mocky, 1984)

18455460_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxÀ mort l’arbitre ! De Jean-Pierre Mocky. France. 1984. 1h22. Avec : Michel Serrault, Carole Laure (à oilpé et recouverte de chocolat dans Sweet movie) et Eddy Mitchell. Genre : comédie dramatique. Sortie France : 22/02/1984. Maté à la téloche le lundi 3 juillet 2017.

De quoi ça cause ? L’arbitre Maurice Bruno (Eddy Mitchell) siffle un penalty faisant perdre l’équipe locale. Consternation des supporters du cru. De chantages en traque effrénée, l’embrasement collectif, aveugle et meurtrier déferle sur la ville. (source : Allociné.fr)

Mon avis Télé Z : Avec À mort l’arbitre !, Jean-Pierre Mocky – le franc-tireur du cinéma français – s’en prend à la religion du ballon rond. Le seul dans l’Hexagone, avec le formidable Coup de tête de Jean-Jacques Annaud. En collant aux basques d’une bande de supporters irrécupérables, le réalisateur d’Un drôle de paroissien démontre comment la foule peut vite céder à ses plus bas instincts quand elle est manipulée par ses croyances. Qu’elles soient sportives ou spirituelles ne change rien à l’affaire : dans les deux cas, l’intolérance l’emporte bien souvent sur toute autre considération. Pour une broutille (une histoire d’arbitrage mal digérée), une chasse à l’homme s’enclenche à travers toute la ville. Et la situation dégénère au fur et à mesure que progresse le récit. La connerie provoque la haine, la haine la violence, la violence le meurtre. Dans À mort l’arbitre !, Mocky dénonce la beauferie des hooligans franchouillards, la bêtise crasse de « ces fanatiques fous furieux, abreuvés de haine et de bière, déifiant les crétins en bleu, insultant les salauds en vert » (extrait de la chanson Miss Maggie de Renaud). Le trait féroce du cinéaste n’épargne aucun de ces dégénérés, surtout pas Rico, le chef de la meute, le pousse-au-crime, l’instigateur du lynchage. Assurément le pire de tous. Dans la peau d’un salopard ne reculant devant aucune bassesse, Michel Serrault devient la vilenie incarnée. L’acteur se lâche, à peine canalisé par une direction d’acteur un peu en roue libre, pour ne pas dire approximative. L’une des conséquences du sentiment d’urgence qui se dégage du long-métrage. Peu importe que les détails ne soient pas toujours bien fignolés, l’énergie bouillonnante et la radicalité anar de cette satire au vitriol suffisent à convaincre. Libertaire dans l’âme, Jean-Pierre Mocky s’est d’ailleurs octroyé le rôle d’un flic (plutôt du genre nonchalant), ce qui ne manque pas d’ironie. À ses cotés, outre son complice Serrault et l’excellent couple Carole Laure/Eddy Mitchell, on croise une ribambelle de gueules comme les affectionne le J-P : Claude Brosset, Dominique Zardi, Antoine Mayor ou encore Jean-Claude Romer, acteur mais aussi co-rédacteur de la mythique revue Midi-Minuit Fantastique (entre autres). Ce casting mockyien s’affronte jusqu’au point de non-retour, s’écharpe dans des décors froids, déshumanisés, vides et déprimants. Tel ce centre commercial évoquant celui du Zombie de Romero ou ces immeubles au look de blockhaus. Noir c’est noir, à l’image de cette comédie grinçante et corrosive, parfois digne d’un survival urbain et nourrie par la tristesse du fait divers et la colère de son auteur. 4/6

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Michel Serrault, une ordure prête à tuer pour un péno…

L’AVENTURE INTÉRIEURE (Joe Dante, 1987)

MPW-69008L’aventure intérieure (titre original : Innerspace, une production Amblin !). De Joe Dante. États-Unis. 1987. 2h00. Avec : Dennis Quaid, Meg Ryan et Martin Short. Genre : fantastique. Sortie France : 16/12/1987. Maté à la téloche le dimanche 11 juin 2017.

De quoi ça cause ? Forte tête de la marine américaine, le lieutenant Tuck Pendelton (Dennis Quaid) se porte volontaire pour une expérience très risquée. Miniaturisé, aux commandes d’un submersible de poche, il va être injecté dans l’organisme d’un lapin. Mais de méchants espions industriels s’emparent de la puce qui peut inverser le processus. C’est alors que Tuck se trouve propulsé dans l’arrière-train d’un modeste employé de supermarché. Il va devoir convaincre son hôte de le sortir de là ! (source : Madmovies.com)

Mon avis Télé Z : En cinéphile averti, Joe Dante ne pouvait rater l’opportunité de rendre hommage à Le voyage fantastique, petit classique de la SF des sixties. Sous la houlette du producteur Steven Spielberg, le réalisateur de Burying the ex se réapproprie le thème de la miniaturisation humaine en envoyant un rebelle de la Navy dans le corps d’un hypocondriaque. L’aventure intérieure pousse le concept encore plus loin et fait carrément dialoguer l’explorateur et l’exploré. Les deux individus se lancent alors dans un échange interactif où chacun agit à son échelle pour faire en sorte que cette folle expérience se termine bien. Les caractères antinomiques de Tuck Pendelton et de Jack Putter génèrent quelques situations cocasses, les rôles étant ici habilement inversés. Celui présenté au départ comme un casse-cou se retrouve coincé dans les boyaux d’un authentique froussard. Mais les circonstances vont pousser ce dernier à se sortir les doigts du cul et à devenir un héros. Et tout ça à un rythme trépidant puisqu’une course contre la montre s’engage entre l’improbable duo et quelques malfaiteurs hauts en couleur. Ces derniers sont incarnés par des comédiens prenant visiblement leur pied à jouer les crapules : Kevin McCarthy (en escroc patibulaire), Fiona Lewis (en docteure perverse), Robert Picardo (en receleur se prenant pour un cowboy) et Vernon Wells (en simili terminator). Oui, Vernon Wells, le seul et unique, le Wez de Mad Max 2 : le défi et le Bennett de Commando, qui s’amuse ici avec une fausse main dissimulant une arme mortelle. Le genre d’idée qui tient autant de Roger Corman – chez qui Dante a fait ses classes – que du dessin animé. Le sens du timing et l’humour visuel d’un cartoon à la Tex Avery accouchent d’ailleurs de passages franchement délirants (cf. le visage de Martin Short se muant en celui de Robert Picardo). Quant aux effets spéciaux – qui permettent de montrer un submersible en train d’évoluer autour de nombreuses parois organiques – ils demeurent toujours aussi bluffants (un oscar en 1988 pour ILM). C’est bien simple, on y croit ! Le meilleur ? L’attaque bondienne de Wells surgissant dans l’estomac de Short pour saboter l’engin de Quaid. S’il lui manque la hargne d’un Gremlins ou la profondeur d’un Panic sur Florida Beach, Innerspace reste une bande inventive, enjouée, dynamique et même parfois attachante (la Meg Ryan des 80’s était vraiment craquante). Un très bon Joe Dante, en somme, et qui en plus vieillit bien. 4,5/6

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Apparition clin d’œil de Bugs Bunny dans L’aventure intérieure. Pas de doute, nous sommes bien chez le génial Joe Dante.

L’AFRICAIN (Philippe De Broca, 1983)

l-africainL’Africain. De Philippe De Broca. France. 1983. 1h41. Avec : Catherine Deneuve, Philippe Noiret et Jean-François Balmer (et Jacques François dans le rôle d’un anglais). Genre : comédie/aventure. Sortie France : 02/03/1983. Maté à la téloche le mardi 30 mai 2017.

De quoi ça cause ? Charlotte (Catherine Deneuve) doit établir un nouveau club de vacances en Afrique Centrale. Elle y retrouve son ex-mari Victor (Philippe Noiret), bien décidé à l’empêcher de réaliser son projet. S’ensuit une course poursuite au cœur du pays pygmée, parmi les éléphants et les braconniers d’ivoire. (source : Philippedebroca.com)

Mon avis Télé Z : Aventure, romance, grands espaces : tout est là pour faire de L’Africain un bon De Broca. Rappelons au passage que le bonhomme n’est rien de moins que l’un des meilleurs artisans du cinéma populaire français. Le terme « artisan » n’a rien de péjoratif, bien au contraire, le réalisateur du mémorable Le magnifique sachant raconter une histoire et emballer le tout sans chichis et avec une bonne dose de générosité. À travers le couple Charlotte/Victor se sont deux visions du monde qui s’opposent. La première, capitaliste, souhaite tirer profit de l’exotisme du continent noir. La seconde, humaniste, se fait le protecteur de la nature et des animaux. Finalement, au fil des péripéties, les divergences vont s’annuler, le projet de Charlotte – animé de bonnes intentions mais quelque peu naïf compte tenu de la réalité – étant surtout l’occasion pour elle de prendre sa revanche sur la vie. De goûter elle aussi à l’aventure, expérience stimulante qui ne devrait pas être réservée seulement aux hommes. Le rêve a néanmoins son prix, un prix sentimental comme le suggère un final étonnamment doux-amer. En revanche, le point de vue des braconniers et autres chasseurs d’ivoires s’avère bien entendu irréconciliable avec les deux autres. Le scénario en profite pour dénoncer ces pratiques dégueulasses qui assassinent toute la faune africaine. La dimension écologique du film de Philippe De Broca est plus que jamais d’actualité et lui permet de ne pas trop mal vieillir (la réplique de Noiret défendant les éléphants est juste magnifique). Si le thème à la Out of Africa de Georges Delerue et les paysages kényans et zaïrois sont des atouts non négligeables, l’énorme capital sympathie du long-métrage provient énormément de son duo de stars. Deneuve rayonne et apporte beaucoup de charme et de caractère à son personnage, Noiret fait preuve d’une réelle bonhommie qui le rend immédiatement attachant. La présence de la blonde fantasmatique rapproche inévitablement L’Africain des tribulations du Sauvage (1975), même si l’énergie du second fait un poil défaut au premier. Quoi qu’il en soit, cette comédie d’aventure tient encore bien la route. Et annonce, en quelque sorte, l’hollywoodien À la poursuite du diamant vert de Robert Zemeckis (1984). 4/6

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Catherine Deneuve, perdue dans la pampa mais toujours prête à surmonter les difficultés.

ZEDER (Pupi Avati, 1983)

zeder-locandinaZeder. De Pupi Avati. Italie. 1983. 1h40. Avec : Gabriele Lavia (présent dans trois Argento : Les frissons de l’angoisse, Inferno et Le sang des innocents), Anne Canovas et Paola Tanziani. Genre : thriller/fantastique. Sortie dvd/blu-ray : 07/04/2017 (The ecstasy of films). Maté en blu-ray le samedi 20 mai 2017.

De quoi ça cause ? Stefano (Gabriele Lavia), jeune journaliste, retrouve par hasard un document bien étrange, se référant aux travaux de Paolo Zeder. Incrédule, mais poussé par la curiosité, Stefano enquêtera inlassablement afin de retrouver les auteurs de ce document. Il lui faudra démêler le vrai du faux d’évènements inexplicables et sans lien apparent les uns avec les autres. Il deviendra tour à tour spectateur, acteur et victime d’une histoire pleine de rebondissements sanglants. Et si Paolo Zeder, l’illuminé, avait découvert l’inexplicable ? (source : TheEcstasyOfFilms.com)

Mon avis Télé Z : En ce début de 80’s, Zeder prouve que le cinoche de genre all’italiana est encore vivant. Si, dans ce domaine, le pays de Serpieri entame son crépuscule à la même période, Pupi Avati continue à marquer le fantastique de son empreinte. Après La maison aux fenêtres qui rient (giallo traumatisant de 1976), le cinéaste relate son obsession pour la mort et surtout pour ce qu’il peut encore subsister après celle-ci. Un thème qui rapproche Avati d’un Fulci, mais sur la forme le premier prend ses distances avec le second. Aux fulgurances gores de l’auteur de Frayeurs, le Pupi préfère jouer la carte de la suggestion façon Tourneur (la séquence de la piscine renvoie ici au sublime La féline, 1942). Les ellipses permettent au spectateur d’imaginer le pire et seul le résultat des forfaits du mal est montré à l’image (l’intro, gothique à souhait, située dans une grande demeure aux sous-sols crapoteux, en est un bel exemple). Cela dit, Zeder s’autorise ponctuellement quelques meurtres brutaux, sans pour autant renier les partis pris, plus sensitifs que démonstratifs, de la mise en scène. La figure du zombie ne répond pas davantage aux canons en vigueur mais fait pourtant froid dans le dos. La preuve avec ce visage cadavérique que diffuse un moniteur vidéo, faciès d’outre-tombe dévoilant soudainement sa bouche édentée pour éclater d’un rire sardonique. Un passage d’autant plus cauchemardesque que le mort-vivant en question se déplace telle une silhouette spectrale défiant toute notion de temps et d’espace (plus flippant encore : ses regards caméra qui s’adressent autant au héros qu’au spectateur). D’autres effets filent la chair de poule comme ce sol qui semble être remué de l’intérieur et ces soupirs malsains digne de la sorcière putride de Suspiria… La présence d’une ancienne colonie planquée en pleine campagne ne nous rassure pas plus. Avati utilise judicieusement la puissance d’évocation de cette étrange structure en béton, dont les murs fissurés dissimulent un terrible secret (le bâtiment, authentique, ne donne vraiment pas envie de visiter l’endroit). Si l’on peut regretter que le script n’exploite pas suffisamment le passif des lieux (un cureton surnommé le « défroqué » y côtoyait des enfants), le film apporte de l’épaisseur à l’horreur ambiante en convoquant la part d’ombre de l’humanité, celle qui mène irrémédiablement au chaos. Avant d’en arriver là, le réalisateur a pris soin de développer une intrigue mystérieuse, prenant comme point de départ un message caché dans une machine à écrire. Le reste se montre à la hauteur avec une enquête mêlant l’ésotérisme à la science, tout en faisant référence aux croyances mythologiques. Un programme original dont la vision de l’au-delà s’affranchit de toute foutaise chrétienne, ce qui n’est pas anodin pour une péloche transalpine. La photographie de Franco Delli Colli transcende également la morbidité et le désespoir qui suintent par tous les pores de Zeder. Une œuvre ô combien singulière, située quelque part entre Réincarnations (Gary Sherman, 1981) et Simetierre (Mary Lambert, 1989). 4,5/6

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Le téméraire Gabriele Lavia refuse de rouler un palot à l’une des nombreuses victimes de Zeder…

FATAL GAMES (Michael Lehmann, 1988)

tumblr_o6r1hhjfe71tb5bt3o1_500Fatal games (titre original : Heathers). De Michael Lehmann (Hudson Hawk avec Bruce Willis). États-Unis. 1988. 1h38. Avec : Winona Ryder, Christian Slater et Shannen Doherty. Genre : comédie/thriller. Sortie dvd : 03/09/2009 (Filmedia). Maté en dvd le mardi 11 avril 2017.

De quoi ça cause ? Au lycée Westerberg High, il fait bon s’appeler Heather… En effet, Heather Chandler, Heather McNamara et Heather Duke sont amies et font la pluie et le beau temps, décidant qui est « in », méprisant qui est « out ». Elles ont décidé que Veronica Sawyer (Winona Ryder) était « in ». Pourtant, la jeune fille souffre du climat qui règne au lycée, et se confie à J.D. (Christian Slater), le jeune homme qu’elle vient de rencontrer. Pour J.D., la solution est simple et radicale : tuer les trois Heather. Une idée amusante, sans doute. Mais J.D. ne plaisante pas… (source : Dvdfr.com)

Mon avis Télé Z : Méconnu en France, Fatal games est pourtant l’un des meilleurs teen movies des glorieuses 80’s. Pourquoi ? Parce qu’il ose montrer la face sombre de l’adolescence sous des dehors de comédie. Un mélange peu orthodoxe qui fait toute la singularité d’une œuvre considérée comme culte outre-Atlantique. Mais ce n’est pas tout. Michael Lehmann et son scénariste Daniel Waters portent un regard satirique sur une jeunesse américaine prête à toutes les bassesses pour devenir (et rester) populaire. L’hypocrisie et la cruauté de ce microcosme sont aussi alimentées par la désinvolture et le manque de discernement des adultes (parents et enseignants sont incapables de comprendre et d’endiguer le mal-être des lycéens). Dans cette société viciée par le paraître et la bêtise, la cellule familiale s’avère elle-même un poison, une source d’aliénation (le psychotique J.D. semble suivre les traces de son paternel, promoteur immobilier sans scrupules). Cependant, le plus subversif dans Heathers reste la relation malsaine liant les deux héros. D’abord conçue comme une blague potache, la vengeance perpétrée par J.D. et Veronica à l’encontre des imbéciles du bahut, se transforme très vite en meurtre prémédité. Le premier manipule la seconde en faisant revenir à la surface la part de noirceur enfouie en elle. Un jeu dangereux qui fait écho aux nombreux faits divers qui ont ensanglanté les campus états-uniens depuis. Rien que pour ça, entreprendre un remake (fidèle) du film de Lehmann serait impossible aujourd’hui… D’autant plus que ce dernier se plaît à brouiller subtilement les frontières entre réalité et fantasme, légèreté et gravité. Déstabilisant certes, mais surtout jouissif, à l’image de ces trop rares apartés oniriques (cf. la dernière cérémonie funéraire directement issue d’un cauchemar de Veronica). Et puis, il y a l’inoubliable Winona Ryder – l’un des plus beaux souvenirs des années 80 et 90, l’une des actrices les plus douées de sa génération – sans qui Fatal games ne serait pas aussi marquant et définitif. 5/6

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Un avertissement funèbre pour Winona Ryder. Fatal games of death.

JEU D’ENFANT (Tom Holland, 1988)

affich_4329_1Jeu d’enfant (titre original : Child’s play). De Tom Holland. États-Unis. 1988. 1h23. Avec : Catherine Hicks, Chris Sarandon (le vampire Jerry Dandrige de Fright night) et Brad Dourif. Genre : fantastique/horreur. Sortie dvd : 25/10/2000 (MGM). Maté en dvd le dimanche 10 avril 2017.

De quoi ça cause ? C’est une chouette poupée qui parle, un compagnon de jeu idéal. Mais le Chucky qu’on a offert au petit Andy est un peu différent : c’est un être diabolique dont le passe-temps est d’assassiner les gens… (source : Dvdfr.com)

Mon avis Télé Z : À la fin des eighties, Jeu d’enfant avait su revigorer et moderniser le thème de la poupée maléfique avec cette histoire de joujou en plastique possédé par l’esprit d’un tueur psychopathe. Après un prologue musclé s’inscrivant dans la droite lignée des séries B de l’époque (poursuite, gunfight et explosion, le tout dans un cadre urbain et nocturne), le surnaturel s’invite dans le quotidien d’une mère et de son gosse. Ce dernier, innocent comme l’agneau qui vient de naître, est d’abord la victime de la publicité et du marketing agressif des marchands de jouets, ceux-ci ne reculant devant aucun mensonge pour vendre leurs camelotes. Ensuite, le pauvre gamin devient ironiquement le pantin du pervers Chucky, celui-ci se servant de la crédulité de son propriétaire pour arriver à ses fins. Andy nous apparaît alors comme un enfant abusé par les deux facettes d’un capitalisme qui trompe d’abord et tue ensuite. À cet arrière-plan subversif, s’ajoute le savoir-faire de Tom Holland. Retenant les leçons du Carpenter de Halloween, l’auteur de Vampire, vous avez dit vampire ? privilégie le suspense au gore et regorge d’idées pour faire frissonner le spectateur (cf. les piles – encore emballées – qui tombent de la boîte de Chucky et trahissent sa vraie nature aux yeux de la maman d’Andy). Le script – très premier degré – suit la logique d’une enquête policière et délaisse le « body count » propre au slasher classique. L’autre prouesse de Jeu d’enfant concerne les effets spéciaux de Kevin Yagher. Les animatroniques sont toujours aussi impressionnantes et donnent des traits inquiétants et terrifiants au visage de Chucky. Du très bon boulot optimisé à l’écran par les apparitions aussi discrètes qu’efficaces de la poupée « Brave gars ». Impossible ici de recourir au numérique pour colmater les brèches, il faut donc redoubler d’ingéniosité pour dévoiler le petit monstre (vision subjective, main en amorce, plan éloigné, doublure…). Et ça marche du tonnerre ! 5/6

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Cette poupée-là n’aime pas qu’on la dorlote, la couvre de bisous et la foute au pieu à 20h…

CAMILLE CLAUDEL (Bruno Nuytten, 1988)

affiche_9_juinCamille Claudel. De Bruno Nuytten. France. 1988. 2h47. Avec : Isabelle Adjani (césarisée pour ce film en 89), Gérard Depardieu et Laurent Grévill. Genre : drame/biopic. Sortie France : 07/09/1988. Maté à la téloche le dimanche 3 avril 2017.

De quoi ça cause ? Jour et nuit, la jeune Camille Claudel (Isabelle Adjani) s’adonne à sa passion, la sculpture. Son rêve : entrer dans l’atelier du célèbre Auguste Rodin (Gérard Depardieu). Quand enfin elle parvient à le rencontrer, elle l’impressionne par son talent et son enthousiasme. Le sculpteur engage comme apprentie celle qui va devenir sa maîtresse. Au faîte de sa gloire, cet homme d’âge mûr se réjouit d’avoir trouvé une égérie qui ravive son imagination et dont il signe bientôt les œuvres… (source : Arte.tv/fr)

Mon avis Télé Z : À l’instar du rôle qu’elle interprète, Isabelle Adjani s’abandonne corps et âme à son art. Comme si elle ressentait dans sa chair la passion incontrôlable qui animait Camille Claudel. Ce destin tragique, qui commence dans l’illumination et s’achève dans la déchéance, trouve un écho puissant dans le jeu fiévreux et viscéral d’Adjani. C’est si peu dire que la comédienne sublime son personnage, un génie de la sculpture consumé par ses sentiments et dévoré par la folie. Camille Claudel, femme libre refusant les diktats d’une société étriquée, n’a pas besoin de dieu ou de maître pour faire son chemin. Pourtant, elle en rencontre un, de maître, Rodin, sculpteur renommé et respecté (Depardieu, « taillé » pour le rôle et écrasant de présence). Une rencontre artistique doublée d’une liaison amoureuse, un mélange tumultueux qui mène souvent à l’autodestruction. Dès lors, créer devient une souffrance, à l’image du corps contorsionné des modèles posant pour le couple. Dans le marbre, se fige la douleur. Recherchant constamment la lueur se tapissant dans les ténèbres, la lumière du chef op Pierre Lhomme cristallise les émotions et dévoile avec précision les reliefs de la chair nue que des mains d’artistes transforment en volume de pierre. À ce propos, notons que Bruno Nuytten est surtout réputé pour sa solide expérience de directeur de la photo acquise grâce à une quarantaine de films (et pas des moindres : Les valseuses, Possession, Tchao pantin…). S’il n’a réalisé que trois longs-métrages pour le cinéma, Nuytten peut s’enorgueillir d’avoir rendu à l’insoumise Camille Claudel les honneurs qu’elle méritait et d’avoir offert au 7ème art hexagonal de la fin des 80’s, une œuvre aussi imposante que nécessaire. 5/6

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Isabelle Adjani : « Je lui ai dit [à Bruno Nuytten, ndlr] que j’aimerais me servir du corps de Camille Claudel pour pouvoir incarner mon propre désarroi, mon cri. »

BLOW OUT (Brian De Palma, 1981)

blow-out-itBlow out. De Brian De Palma. États-Unis. 1981. 1h42. Avec : John Travolta, Nancy Allen (trois autres De Palma à son actif : Carrie au bal du diable, Home movies et Pulsions) et John Lithgow (deux autres pour lui : Obsession et L’esprit de Caïn). Genre : thriller. Sortie France : 17/02/1982. Maté à la téloche le dimanche 19 mars 2017.

De quoi ça cause ? Ancien flic, Jack Terry (John Travolta) est employé à Philadelphie comme spécialiste des effets sonores par une petite société de production de séries Z. Une nuit, alors qu’il réalise des enregistrements dans un parc, il assiste à la sortie de route d’une voiture qui finit sa course dans une rivière. Plongeant immédiatement pour porter secours aux accidentés, Jack parvient in extremis à extirper la passagère du véhicule. À l’hôpital, après avoir pris des nouvelles de Sally (Nancy Allen), la jeune femme qu’il a sauvée, il apprend que le conducteur, retrouvé mort, était le gouverneur McRyan, un politicien pressenti pour la course à la Maison-Blanche. Persuadé d’avoir entendu un coup de feu avant le drame et convaincu que cette mort n’est pas accidentelle, Jack se lance dans une enquête minutieuse… (source : Arte.tv/fr)

Mon avis Télé Z : « Le cinéma ment 24 fois par seconde » disait Brian De Palma. Le héros de Blow out tente de débusquer la vérité à travers toutes les techniques du 7ème art. Les artifices du mensonge – le son, l’image et le montage – sont utilisés pour montrer une réalité dangereuse pour celui qui veut voir au-delà des apparences. La quête de Jack Terry (John Travolta, en rupture de dancefloor) est dès lors impossible car elle tente de relier deux mondes différents, celui de la fiction et celui du réel. Comme le spectateur devant son écran, il se montre impuissant face aux évènements et ne peut changer le cours des choses. Une impasse tragique qui débouche sur un final désespéré, suivie d’un clin d’œil ironique d’une noirceur absolue. Ni happy end ni love story pour les fouineurs qui sont parvenus à déceler le vrai visage de l’Amérique. Un pays où la concurrence politique se fait assassiner afin de changer le cours de l’histoire (écho du traumatisme causé par le meurtre de JFK), où les témoins gênants sont éliminés un à un (par un John Lithgow glaçant) et les faits bidonnés pour mieux endormir la populace. Dans l’un des plans iconiques du film, la bannière étoilée semble d’ailleurs engloutir Nancy Allen… Formaliste de génie, De Palma se plaît à rendre le plus cinématographique possible une histoire dont le principal sujet est le cinéma. Comme Travolta passant des heures devant ses appareils pour dénicher le son et l’image parfaits, le réalisateur fait de chaque séquence un morceau de bravoure visuel (cf. les fameux split screen, l’une des marques de fabrique du cinéaste). Servant autant le script qu’il flatte les mirettes, ce travail d’orfèvre est également épaulé par la photo de Vilmos Zsigmond (la lumière idéale pour un film noir en couleurs) et la musique de Pino Donaggio (très beau thème romantique scellant une idylle funeste). De par son incontestable maestria et sa profonde tristesse (qui détonne quelque peu dans le paysage hollywoodien des 80’s), Blow out n’a pas pris une ride et demeure une pièce de choix dans la carrière de son metteur en scène. 5,5/6

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Le cinéma : un art qui joue avec la mort.