Highlander (pour l’instant, cinq films au total). De Russell Mulcahy. États-Unis/Royaume-Uni. 1986. 1h51. Avec : Christophe Lambert, Roxanne Hart et Clancy Brown. Genre : fantastique. Sortie France : 26/03/1986. Maté à la téloche le dimanche 30 juillet 2017.
De quoi ça cause ? New York, années 1980. Russell Nash (Christophe Lambert) n’est pas un antiquaire ordinaire : il a vu le jour en Écosse, au XVIe siècle. Nash, né Connor MacLeod, est un Immortel et, comme ses pareils, ni la vieillesse ni la maladie ne peuvent l’atteindre. Seul un autre Immortel peut le tuer en le décapitant. C’est par son mentor, Juan Sanchez Villa-Lobos Ramirez (Sean Connery), un Égyptien né en 896 avant. J.-C., que Nash/MacLeod a appris en quoi consiste la mission des Immortels : conquérir une récompense suprême, le Prix, qui ne peut être attribuée qu’à un seul. Un redoutable guerrier, Kurgan (Clancy Brown), a déjà éliminé la plupart de ses concurrents… (source : Arte.tv/fr)
Mon avis Télé Z : Dès les premières minutes, un plan sidère les mirettes : un long travelling s’envole tel un oiseau pour débusquer Christophe Lambert parmi la tribune du Madison Square Garden. Des prouesses visuelles comme celles-ci, Highlander en regorge. Obsédé par la belle image, Russell Mulcahy se livre à un exercice de style incroyablement dynamique. Son but : nous en mettre plein les yeux, ce que son sujet – fantastique dans tous les sens du terme – autorise et pas qu’un peu. L’auteur de Razorback s’amuse avec sa caméra et accouche d’une authentique BD live. Les immortels (pas ceux de l’Académie française, hein) sont iconisés comme s’ils s’agissaient de super-héros (ce qu’ils sont, d’une certaine manière) et s’affrontent dans des duels homériques où l’épée est reine. Lors de chaque face-à-face, le décor finit en miettes, totalement pulvérisé, ce qui donne une idée de la puissance des coups portés par les combattants (sans parler de toute cette énergie dévastatrice qui soulève littéralement le vainqueur, le fameux « Quickening » ou « accélération » dans la langue de Brigitte Lahaie). Le climax voit carrément une gigantesque enseigne lumineuse s’effondrer avec ses tubes de néon qui explosent et ses gerbes d’étincelles qui crépitent (catastrophe provoquant même une inondation, histoire de rendre la séquence encore plus dantesque). Soulignant l’esthétique urbaine et nocturne dans laquelle évolue le film, les éclairages bleutés de la photo de Gerry Fisher renvoient surtout à la beauté et à la force de l’acier. D’ailleurs, voir des mecs en découdre avec une lame à une époque où les flingues s’avèrent plus efficaces pour liquider son adversaire, créer un savoureux décalage. C’est là toute l’originalité de cet Highlander dont le script ambitieux mélange l’Écosse du XVIe et la grosse pomme des 80’s, le passé et le présent, l’ancien et le moderne. Les enjeux s’étalent sur plusieurs siècles et, pour relater le parcours de l’énigmatique Russell Nash/Connor MacLeod (Conrad dans la VF), de nombreux (et passionnants) flashbacks sont intégrés au récit à intervalles réguliers. Il ressort de ces retours en arrière un sentiment tragique faisant de l’immortalité une malédiction, de l’éternité une damnation. Pour celui qui ne peut pas mourir, le temps ne semble jamais s’écouler. Pire, il interdit toute relation amoureuse avec celle dont les heures sont inéluctablement comptées. Bluffant lorsqu’il aborde les aspects les plus spectaculaires de sa mise en scène, Russell Mulcahy se montre aussi inspiré par les passages intimistes et fignole de saisissants tableaux romantiques. La vieillesse et la mort de la première épouse de Connor – remarquable Beatie Edney – serrent le cœur du spectateur, émotion décuplée par l’utilisation de la chanson Who wants to live forever de Queen. Indissociable du succès de Highlander, le groupe de rock britannique offre une véritable signature musicale au long-métrage et l’accompagne tout du long, à la manière d’un vidéo-clip (les années 1980 sont aussi celles de la chaîne de télé américaine MTV). Un exercice dans lequel Mulcahy s’est beaucoup illustré et qui – dans la péloche qui nous intéresse – ne tourne jamais à la démonstration gratuite. En revanche, si l’on devait émettre des réserves, celles-ci concerneraient la prestation d’un Christophe Lambert qui peine à rivaliser avec le charisme de Sean Connery (qui flamboie en mentor plein de panache) et de Clancy Brown (génial en méchant obscène et « terminatoresque »). Les quelques punchlines de Totophe tombent même à plat et ne parviennent pas à faire de lui un héros cool et taillé pour porter une saga culte sur ses épaules. Roxanne Hart est, pour sa part, pas mieux lotie, son rôle servant surtout de prétexte à une love story des plus superficielles. Mais peu importe, Highlander reste un fleuron des années Starfix, une pépite conçue à une époque où l’inventivité dominait le cinéma de l’imaginaire. 5/6
