ÇA (Andrés Muschietti, 2017)

513263_jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxxFICHE TECHNIQUE Ça (titre original : It). D’Andrés (ou Andy) Muschietti. États-Unis. 2017. 2h15. Avec : Bill Skarsgård, Sophia Lillis et Jaeden Lieberher. Genre : fantastique/horreur. Sortie France : 20/09/2017. Maté en salle le 7 octobre 2017.

DE QUOI ÇA CAUSE ? À Derry, dans le Maine, sept gamins ayant du mal à s’intégrer se sont regroupés au sein du « Club des Ratés ». Rejetés par leurs camarades, ils sont les cibles favorites des gros durs de l’école. Ils ont aussi en commun d’avoir éprouvé leur plus grande terreur face à un terrible prédateur métamorphe qu’ils appellent « Ça »… Car depuis toujours, Derry est en proie à une créature qui émerge des égouts tous les 27 ans pour se nourrir des terreurs de ses victimes de choix : les enfants. Bien décidés à rester soudés, les Ratés tentent de surmonter leurs peurs pour enrayer un nouveau cycle meurtrier. Un cycle qui a commencé un jour de pluie lorsqu’un petit garçon poursuivant son bateau en papier s’est retrouvé face-à-face avec le Clown Grippe-Sou (Bill Skarsgård)… Source : allocine.fr

MON AVIS TÉLÉ Z Pas de doute, le Ça 2017 fait largement oublier la première adaptation du roman de Stephen King. Surévaluée, cette dernière ne doit son statut d’œuvre culte qu’à la nostalgie des ex-ados qui l’ont jadis découverte sur M6. Non pas que la chose soit honteuse, loin de là, mais elle souffre quand même de toutes les tares inhérentes à sa nature de téléfilm (les plus embêtantes : sa facture mainstream et son casting fadasse, à l’exception de Tim Curry et Annette O’Toole). Le film d’Andy Muschietti vient enfin rendre justice au fameux pavé du binoclard du Maine, même si le premier ne s’autorise pas à aller aussi loin que le second (peut-être étaient-ce les intentions de Cary True detective Fukunaga, avant de se faire remplacer par le réal de Mamá ?). Mais peu importe puisque ce nouveau Ça embrasse son sujet avec force et se montre par ailleurs assez violent pour un long-métrage impliquant des mioches. À ce propos, la séquence d’ouverture a de quoi surprendre et remuer, le spectateur n’ayant plus l’habitude de voir nos chères têtes blondes (mal)traitées de la sorte… Pour une péloche de major company, It ne ménage pas toujours son audience et se révèle parfois physiquement éprouvant. Cette approche viscérale aurait été vaine sans la densité psychologique du script. L’idée de scinder l’ensemble en deux parties distinctes est plutôt judicieuse, tant elle permet de développer les personnages et la nocivité de leur environnement. Dédié à l’enfance des « losers », ce premier segment de 2h15 (une durée plutôt inhabituelle pour un film d’horreur) prend le temps de caractériser chaque membre du club, de les faire exister et de rendre leur mal-être palpable. Ce parti pris est bel et bien le plus approprié puisque Grippe-Sou –  l’incarnation du Mal absolu – se nourrit des peurs, des faiblesses et des doutes de ses victimes. Impossible de ne pas avoir de l’empathie pour ces gosses harcelés par des brutes épaisses, endeuillés par la perte d’un proche, persécutés par un père abusif ou enchaînés par une mère possessive. Dans ce sombre tableau, la cellule familiale en prend un sacré coup. Les parents sont soit absents, soit perturbés. Rien d’étonnant lorsqu’un clown maléfique sème le chaos dans le même bled depuis plusieurs générations… L’écriture – assez subtile – est vraiment l’un des points forts du film. À l’instar du gamin en surpoids du Super 8 de J.J. Abrams, celui de Ça n’est pas réduit à une simple caricature façon Choco dans Les Goonies (dans lequel le « p’tit gros » de service ne faisait que bouffer et chouiner). Ici, le rôle  de Ben n’a rien d’ingrat et n’est pas là pour attiser les moqueries. Petit génie qui s’ignore, il fréquente la bibliothèque municipale où ses recherches mettent le reste de la bande sur la bonne voie. Mieux, son âme de poète ne laisse pas insensible Beverly. Seule fille du groupe, cette dernière est pourtant la plus courageuse et la plus téméraire du lot. Et aussi la plus attachante. La jeune Sophia Lillis est à cet égard admirable et on comprend aisément pourquoi elle se retrouve au centre d’un triangle amoureux. C’est dire à quel point l’éblouissante rouquine nous manquera dans le second volume, consacré à l’âge adulte de nos héros en culottes courtes… Logiquement, cette grande aventure – aussi romantique que traumatique – s’achève sur un crève-cœur, et ce aussi bien pour nous que pour ces enfants obligés de grandir trop vite… Pour conclure, ajoutons que pour une péloche se déroulant à la fin des 80’s, Ça ne joue jamais la carte de la référence geek à outrance. Une qualité par les temps qui courent et dont fait preuve ce que l’on peut considérer comme le meilleur film horrifique avec des mômes vu depuis un bail. 5/6

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La révélation Sophia Lillis doit affronter ses peurs face à un boogeyman particulièrement cauchemardesque…

Auteur : Zoéline Maddaluna

Cinéphage électrique accro aux terrains vagues de l'imaginaire...

2 réflexions sur « ÇA (Andrés Muschietti, 2017) »

  1. C’est vrai que je n’avais pas fait attention à cet aspect geek des 80’s qui n’est pas présent dans le film, c’est un exploit dans cette période post Gardiens de la galaxie / Stranger Things (même si j’adore ce film et cette série…). On est d’accord, cette rouquine va nous manquer mais je suis sûr que des réal l’ont repéré, comme ils ont repéré le garçon de Midnight Special que j’ai eu le plaisir de voir en héro dans Ça ! Je n’ai pas eu peur dans ce film, mais ça ne m’a pas dérangé car comme dans Get Out, il y a une atmosphère crasse et un vrai malaise qui se dégage, ce qui donne au film toute sa saveur. Tous les grosses productions devraient avoir une exigence aussi forte que ce que Ça nous propose… Un vrai bon film!

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  2. Stranger Things : encore une série qu’il me reste à découvrir (avec la grande Winona Ryder en plus, je n’ai aucune excuse). J’ai aussi apprécié le climat parano de Get Out, sans compter l’inquiétante étrangeté qui s’en dégage (on se croirait dans La quatrième dimension). Et merci pour ton avis (très juste) sur Ça !

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