Her. De Spike Jonze. États-Unis. 2013. 1h57. Avec : Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson et Rooney Mara (sans oublier une autre actrice d’exception : Amy Adams). Genre : drame. Sortie France : 19/03/2014. Maté à la téloche le mercredi 19 juillet 2017.
De quoi ça cause ? Theodore (Joaquin Phoenix) se sent seul. Il se remet mal de son divorce et sa belle plume ne sert qu’à pallier les défauts de communication de ses contemporains. Écrivain public numérique, il rédige à la demande des messages enamourés ou des souhaits émus d’anniversaire de mariage. Abruti par sa vie divisée entre travail, jeux vidéo et sexe froid, il découvre, au cours d’une mise à jour, que tous ses appareils high-tech disposent d’un nouveau système d’exploitation, qui prend la voix délicatement éraillée de Scarlett Johansson. Conçue pour s’adapter et évoluer, cette intelligence artificielle le trouble : elle perçoit les sentiments humains avec précision et subtilité, comprend l’art, la beauté, l’humour, la tristesse, la nuance et, surtout, l’amour. Theodore s’engage dans une relation qui le dépasse… (source : Arte.tv/fr)
Mon avis Télé Z : Si Her se déroule dans un futur (très) proche, il parle surtout du présent. Le film n’a pas besoin d’anticiper l’avenir à outrance pour le rendre crédible. Loin d’un Metropolis ou d’un Blade runner, la SF chez Spike Jonze se fait discrète et se réduit à quelques nouveautés technologiques qui verront le jour sans doute demain. Les gratte-ciels qui écrasent Theodore de leur hauteur nous sont familiers : il s’agit des mêmes qui, aujourd’hui, soulignent la solitude des anonymes. L’intelligence artificielle peut-elle remplir le vide affectif ? Dans un premier temps, Her semble répondre à cette question par l’affirmative. Encore que l’illusion – même si elle procure au départ un certain bien-être – ne dure pas longtemps. Un peu comme dans les relations humaines, finalement. Tourmenté par une séparation qu’il n’arrive pas à digérer, Theodore est passé à côté de sa vie. Des flashs de l’être aimé assaillent son esprit. Le bonheur n’est plus qu’un souvenir. Il est inconsolable. Mieux vaut fuir la réalité lorsqu’elle fait mal. Lorsque l’on ne peut plus mettre des mots sur nos propres sentiments. Pourtant, Theodore écrit des lettres pour les autres, c’est son job et il est plutôt doué pour cela. Des lettres intimes, personnelles qui démontrent à quel point il connaît le cœur humain. Mais le sien reste une énigme, un peu comme l’envoi de toutes ces missives en papier, support étrangement encore en vie à l’heure de la dématérialisation à tout-va. Le tour de force de Her ? Construire une œuvre autour d’un dialogue entre un mec paumé et une voix féminine. Portée par la performance vocale de Scarlett Johansson (qui en profite aussi pour pousser la chansonnette), l’IA devient progressivement une arme de séduction massive devant laquelle Theodore ne résiste pas bien longtemps. Est-ce qu’un programme informatique, aussi évolué soit-il, peut ressentir des émotions ? Peut-on entamer une relation sérieuse avec une voix ? L’esprit prévaut-il sur le corps ? Quelle que soit la réponse à ces questions, rien n’efface cette mélancolie ancrée au fond des yeux de Joaquin Phoenix (le Commode du Gladiator de Ridley Scott est encore une fois extraordinaire). Jonze ne juge jamais son protagoniste et le regarde avec compassion. La tendresse du cinéaste pour son héros sensible et lunaire se glisse également dans les couleurs chaudes de la photographie de Hoyte Van Hoytema. Une façon de tromper la douce amertume d’un film dont le dénouement constitue un véritable crève-coeur. Comment peut-il en être autrement quand le visage de Rooney Mara s’échappe peu à peu de vos songes tristes (des bribes du passé de Theodore, prises sur le vif façon Terrence Malick) ? Quand la mélodie pleine de charme et de bienveillance de Scarlett Johansson menace à tout moment de sombrer dans le silence ? Quand la ville contemple votre chagrin avec indifférence et que – malgré une société de plus en plus « connectée » – nous nous sentons de plus en plus seuls ? Dans Her, l’amour est un rêve qui nous dépasse et se délite dans un coucher de soleil. 4,5/6

Spike Jonze à du talent, tu as raison de le souligner. Ce film m’avait particulièrement ému quand je l’ai vu au ciné.
J’aimeAimé par 1 personne
Idem pour moi, je n’ai pas été insensible au désarroi et à la mélancolie du personnage de Joaquin Phoenix…
J’aimeAimé par 1 personne