My sweet pepper land. De Hiner Saleem. Kurdistan/France/Allemagne. 2013. 1h26. Avec : Golshifteh Farahani (sublime actrice iranienne à la carrière internationale), Korkmaz Arslan et Suat Usta. Genre : drame. Sortie France : 09/04/2014. Maté à la téloche le jeudi 2 mars 2017.
De quoi ça cause ? Au carrefour de l’Iran, l’Irak et la Turquie, dans un village perdu, lieu de tous les trafics, Baran (Korkmaz Arslan), officier de police fraîchement débarqué, va tenter de faire respecter la loi. Cet ancien combattant de l’indépendance kurde doit désormais lutter contre Aziz Aga, caïd local. Il fait la rencontre de Govend (Golshifteh Farahani), l’institutrice du village, jeune femme aussi belle qu’insoumise… (source : Allociné.fr)
Mon avis Télé Z : Les codes et les thèmes du western sont universels et peuvent s’appliquer aussi bien à Monument Valley que dans les montagnes kurdes. La façon dont My sweet pepper land s’approprie le genre est plus que rafraîchissante. Les décors naturels invitent au voyage, même si ce voyage n’est pas de tout repos. Face à des « truands » imposant leur loi à tout un village, il faut un « bon », un incorruptible qui n’a pas peur de se dresser contre eux. Quelque part entre Charles Bronson (pour son côté taciturne et imperturbable) et Henry Fonda (pour la droiture infaillible de son personnage), Korkmaz Arslan se montre épatant en shérif intègre qui ne demande qu’à faire son job dans les règles. Son courage impressionne lorsque, maître de lui-même, il défie l’autorité du parrain local. En découle une tension palpable alimentée par une violence sourde qui menace à tout moment d’exploser (et qui n’explosera – physiquement – qu’à la dernière bobine). Et puis il y a toute la grâce et la hardiesse de Govend, femme indépendante à qui on voudrait arracher le droit d’enseigner. Confrontée à l’injustice patriarcale, elle ne laisse ni les trafiquants ni sa fratrie lui dicter sa conduite (autre figure féminine forte présente dans le film : les combattantes kurdes planquées dans le maquis et toujours prêtes à se battre). Résolument frondeurs, Govend et Baran entrent en résistance contre une société rétrograde et hypocrite où les vieilles traditions ont la vie dure. Ode à la liberté et à des lendemains meilleurs, My sweet pepper land peut se définir comme un western romantique et humaniste, enrichi par un contexte politique particulier (l’indépendance du Kurdistan irakien après la chute de Saddam Hussein). Quant à la merveilleuse Golshifteh Farahani, l’extrême conviction de son jeu (ses talents de musicienne s’expriment aussi lors de passages bouleversants où ses mains caressent le hang, son instrument) finit par emporter l’adhésion. Et le cœur du spectateur. 5/6
